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Samedi 19 novembre 2011, s’est tenu le vernissage de l’exposition « Les graveurs de Courbet » au musée Courbet. Cette exposition présente le patrimoine gravé de l’Institut Gustave Courbet (86 gravures) et sa dernière acquisition, une peinture de Gustave Courbet, La Source de la Loue, réplique de celle qui se trouve au Metropolitan Museum de New-York.

L’exposition se décline en quatre chapitres :

  • Le premier présente la gravure d’interprêtation, c’est-à-dire, des gravures d’après les oeuvres de Courbet réparties par thèmes (les nus et les scènes anticléricales, les paysages et les sources, les animaux et scènes de chasses, les portraits et autoportraits) par les plus grands graveurs du 19ième siècle comme Félix Bracquemond qui a gravé à l’eau forte Les Demoiselles de village , Le Portrait de Baudelaire ou Le Portrait de ChampfleuryEmile Vernier, lithographe d’origine franc-comtoise, ami de Courbet qui a choisi de lithographier La Curée ou Les Casseurs de pierre ou Arthur Mayeur, qui a gravé à l’eau forte Une Après-dinée à Ornans.

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  • La seconde séquence est dédiée à l’iconographie du visage de Courbet, Courbet jeune ou plus âgé, en buste ou en pied, de trois-quart ou de profil.
  • La troisième séquence est consacrée à la caricature, Courbet face à ses détracteurs les plus grands caricatures de l’époque comme Cham, Bertall ou Quillenbois, des portraits-charge qui sont associés au vignettes de Salon, saynètes présentants la réaction des visiteurs de Salon à la vue des oeuvres de Courbet.
  • Enfin, les graveurs contemporains et les techniques de la gravure. Cette exposition, nous l’avons voulue très didactique et pédagogique, de grands panneaux explicatifs présentent les techniques de la gravure (gravure sur bois, gravure en taille douce ou lithographie) ainsi que le matériel utile : burin, pointe sèche, pierre lithographique ou cuivre. Des oeuvres de Jo Bardoux, Arlette Badoz et Dominique Sosolic sont également présentées.

Dominique Sosolic qui vient d’obtenir le Prix de la Fondation Taylor pour son oeuvre gravé nous a fait l’honneur de nous prêter 3 gravures, de rédiger les textes qui expliquent les techniques de la gravure et donnera une conférence à Ornans sur le thème ‘Histoire de l’image imprimée, du 15e siècle à aujourd’hui, le lundi 5 décembre 2011 à 10 heures à Ornans.

Nous vous rappelons que la semaine des copistes aura lieu cette année du 5 au 11 décembre 2011 et que les copistes juniors pourront travailler sur la gravure. Des visites de l’atelier de lithographie à Ornans ainsi que des démonstrations de linogravures sont prévues. 25 classes sont déjà inscrites.

Nous vous attendons très nombreux.

Les graveurs de Courbet

20 novembre 2011 – 12 mars 2012

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Les graveurs de Courbet – Synopsis

Si l’on reconnaît à Honoré Daumier son talent de graveur, si les peintres Ingres, Delacroix et Chasseriau, contemporains de Courbet, se sont essayés à l’eau-forte, il semble que le Maître d’Ornans n’ait pas personnellement pratiqué ce medium.

Pourtant, les nombreuses illustrations que Courbet réalise pour les projets de ses amis écrivains comme Les essais poétiques (1839) de Max Buchon ou Les amis de la nature (1859) de Champfleury montrent l’attachement de l’artiste au dessin et à sa reproduction par la gravure tout au long de sa carrière.

A partir du XIXe siècle, la gravure se développe considérablement grâce notamment à l’invention de la lithographie. A une époque où la photographie n’est pas encore découverte, elle devient un moyen de diffusion des œuvres très efficace et connaît un succès important grâce à l’engagement d’éditeurs et d’imprimeurs qui créent des Albums et publient des revues qui laissent une place privilégiée à la reproduction comme La gazette des beaux-arts, L’Art ou L’Artiste.

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Les œuvres de Courbet, très commentées au Salon, ont donné lieu à de nombreuses reproductions gravées. Celles-ci couvrent l’ensemble des thématiques développées par l’artiste : les nus, les paysages de la vallée de la Loue, les scènes de chasse, les autoportraits de l’artiste et les portraits, notamment ceux de ses partenaires de la vie de Bohème et bien sûr les œuvres emblématiques du peintre comme Une Après-dinée à Ornans ou Les Casseurs de pierre. Ces gravures, peu onéreuses, ont permis une diffusion élargie de l’œuvre de Courbet.

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Par ailleurs, la figure de Courbet devient le sujet de prédilection des nombreux caricaturistes de l’époque tels que Gill, Nadar ou Carjat dont les dessins sont reproduits dans la presse.

Ce patrimoine graphique de plus de 80 oeuvres, gravures en taille douce, lithographies ou gravures de presse et d’édition, rarement montré, est issu des collections de l’Institut Gustave Courbet

Les principaux graveurs de Courbet

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  • Emile Vernier (1829-1887)

Né à Lons-le-Saunier, Emile Vernier grandit à Besançon où il débute son apprentissage chez un papetier. Il apprend à lithographier la lettre puis part à Paris où il produit des lithographies commerciales et fait la connaissance de Gustave Doré et Gustave Courbet. En 1869 et 1870, il reçoit des médailles au Salon et est remarqué par Jules-Antoine Castagnary. Il se consacre aussi à la peinture, à Paris puis en Bretagne. Il partage avec Gustave Courbet l’amour de sa terre natale : « Il n’y a rien au dessus de la Franche-Comté ».

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  • Félix Bracquemond (1833-1914)

Avec Charles Méryon, Félix Bracquemond est le plus grand graveur de la seconde moitié du XIXe siècle. Autodidacte, il grave à l’eau-forte dès 1849. En 1860, il participe à la création de la Société des aquafortistes, puis en 1889 il crée la Société des peintres graveurs qui contribue au renouveau de la gravure en France et à un nouvel intérêt pour l’estampe japonaise. Il reçoit plusieurs médailles au Salon et un Grand Prix de gravure à l’Exposition universelle de 1900. Egalement céramiste, il travaille à la Manufacture de Porcelaine de Sèvres puis devient Directeur artistique de la firme Haviland de Limoges.

  • Arthur Mayeur (1871-1934)

Né dans le Nord-Pas-de-Calais, Arthur Mayeur fréquente l’Ecole des Beaux-arts de Lille, où il apprend les techniques de la gravure puis entre à l’Ecole des Beaux-arts de Paris. Il fait une brillante carrière en tant que graveur d’interprétation et reçoit des médailles au Salon. Grand Prix de Rome en 1896, il intègre le jury d’admission du Salon en 1914. Il maîtrise toutes les techniques de la gravure mais s’exprime essentiellement à l’eau-forte. Il collabore à la Gazette des Beaux-arts et à la Revue de l’art ancien et moderne pour lesquelles il grave d’après les grands maîtres. Attaché à sa région natale, il la valorise par la gravure comme dans Les beffrois du Nord de la France (1906).

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Gustave Courbet et la caricature

La forte personnalité de Gustave Courbet, sa peinture jugée vulgaire, triviale et engagée ont suscité un engouement sans précédent auprès des caricaturistes de son époque. Cet intérêt correspond à un moment où la presse satirique connaît un développement considérable avec les éditeurs et patrons de presse Pierre-Jules Hetzel, Pierre Véron, Charles Philipon ou François Polo. Parmi les dessinateurs, on distingue les conservateurs Bertall, Cham et Quillenbois ainsi que les socialistes de 1848, Nadar, André Gill ou Alfred Le Petit. Certains même se sont engagés pendant la Commune comme Paul Hadol, Paul Klenck, Faustin ou L.A. Stick.

Sous forme de vignettes publiées dans la presse satirique L’Illustration, Le Charivari, Le Journal pour rire, La Lune ou L’Eclipse, les caricaturistes s’amusent à montrer la réaction des bourgeois parisiens à la vue des œuvres de Gustave Courbet. Ce sont Les Casseurs de pierre qui seront le plus caricaturés, notamment par Cham.

Conscient de l’importance de ce support, l’artiste guette l’écho de ses œuvres dans la presse. Il devient une figure incontournable dont on raconte les péripéties. A partir de 1855, il apparaît avec une barbe énorme, se servant de grosses brosses ou d’une truelle de maçon pour peindre. Fumant la pipe, buvant de la bière ou chaussé de sabots, Courbet est représenté comme un paysan franc-comtois et comme un bon vivant. Son assurance est également raillée. Enfin, lorsque Courbet n’expose plus au Salon, la presse évoque ses mésaventures liées à la destruction de la Colonne

La technique de l’estampe

La gravure fait partie d’une catégorie d’images que l’on nomme estampes, images imprimées sur papier à partir d’une matrice réalisée sur bois, métal, pierre…

Les principaux procédés pour créer une estampe sont :

  • La gravure sur bois (gravure en taille d’épargne ou xylographie)
  • Gravure sur bois de fil
    On dessine le motif sur une planche coupée dans le sens longitudinal du bois, puis on enlève la matière autour du dessin. L’encre est ensuite déposée en surface sur les motifs épargnés, ce qui a été soustrait apparaît en blanc sur le papier.
  • Gravure sur bois de bout
    Un bois dur comme le buis ou le poirier est scié perpendiculairement au sens des fibres. On le débite en petits cubes qui, collés ensemble forment une surface homogène sur laquelle on dessine le motif.
  • La gravure sur cuivre (gravure en taille douce)
  • La gravure au burin
    Le motif est creusé dans le métal avec un burin. L’encre est ensuite déposée sur l’ensemble de la surface, puis essuyée pour qu’elle ne subsiste que dans les sillons.
  • L’eau-forte
    La plaque de cuivre est recouverte d’un vernis sur lequel l’artiste dessine son motif avec une pointe métallique, le cuivre est ensuite immergé dans un bain d’acide (nitrique ou perchlorure de fer). L’acide creuse la matière à l’endroit du tracé, les tailles sont plus ou moins profondes selon la durée du bain. Lorsque la morsure est terminée, le vernis est enlevé et on procède à l’encrage comme pour la gravure au burin.
  • La pointe sèche
    Le motif est tracé en griffant le cuivre avec une pointe d’acier. On soulève simplement le cuivre sans enlever de copeaux, la pointe repousse de chaque côté du sillon des « barbes » de métal qui donneront au tirage des lignes irrégulières, diffuses.
  • La lithographie
    Inventée en 1796, cette technique fut, avec la photographie, la grande révolution du XIXe siècle dans le domaine de l’image.

Le motif s’exécute à l’encre grasse ou au crayon gras sur une pierre calcaire préalablement polie. Une préparation à base d’acide et de gomme arabique permet de fixer le dessin dans la pierre. Pour l’impression on humidifie la pierre, ainsi le rouleau encreur peut déposer l’encre (grasse) seulement sur les parties dessinées.

  • Signature et numérotation
    Aux origines de la gravure l’artiste signe sur le cuivre en gravant son monogramme. Ce n’est qu’à partir du milieu du XIXe siècle que l’estampe est signée et numérotée, en bas de l’image à gauche le numéro d’ordre, à droite la signature.
  • Pour les estampes d’interprétation, une codification précise est adoptée. A gauche est inscrit le nom du peintre ou du dessinateur, et à droite celui du graveur. Ces inscriptions sont abrégées comme suit: del ou delineavit (dessinateur), inv ou invenit (inventeur), pinx ou pinxit (peintre) alors que le nom du graveur est précédé de sculpsit ou sculpt ou sc, incisit ou inc et lith pour le lithographe.