Carnets de guerre
our la première fois, on publie en intégralité le Carnet de guerre de Louis Pergaud. Mobilisé en 1914, le Prix Goncourt 1910 avec De Goupil à Margot, se retrouve à Verdun en avril 1915. L’auteur de La Guerre des boutons sera tué dans la nuit du 7 au 8 avril 1915 après avoir été blessé à une jambe. Sa femme, Delphine, retrouvera dans la cantine militaire de son défunt mari ce carnet de notes qui débute le 3 août 1914 et prend fin le 6 avril 1915, jour où il sera photographié avec un groupe de sous-officiers (la photo apparaît en page 3 du livre). Ce carnet fait état de sa vie quotidienne dans les tranchées. Le 18 mars, au matin, journée particulièrement meurtrière, Pergaud, qui voit ses amis achevés par une balle, écrit : «La mitrailleuse nous fauche jusque derrière P2 et les 77 nous éclatent devant le nez nous brûlant les yeux. Quantité de cadavres gisent déjà. » Dans cette même journée: «Vers 2 ou 3 h (…), Danvin [un ami] manque de se noyer dans un trou plein de boue, d’eau, de pissat, de merde et de sang. Je saute dedans pour le retirer et j’en ai jusqu’aux genoux. L’odeur me poursuivra 3 jours durant.» Ou, encore, «On a relevé les blessés. Quelques-uns gisent entre les lignes avec des tas de morts (28 mars 1915).» Certaines phrases sont coupées net.
Ce texte est suivi d’Un tombeau pour Louis Pergaud, écrit par Jean-Pierre Ferrini.