Une conférence à 2 voix sera donnée dans le cadre du

Centre d’études européen Jean Monnet

Mercredi 9 novembre à 19H

Rencontre de Gustave Courbet et Théodore Duret

par Jean-Jacques Fernier, vice-président de l’Institut Courbet et Marie-Chantal Nessler, auteur de la biographie du négociant en cognac et critique d’art, Théodore Duret.

Couvent des Récollets, rue d’Angoulême, 16100 Cognac
Salle Fragonard.
Entrée 5 euros.

 

Théodore Duret

négociant en cognac, initiateur du japonisme

et découvreur des impressionnistes

La vie de ce fils d’un riche négociant en cognac semble toute tracée : vacances dans les propriétés familiales de Royan, collège des Jésuites de Saintes puis initiation au commerce des eaux-de-vie à Cognac… Il fait pourtant deux rencontres qui bouleverseront sa vie ; celle marquante de Gustave Courbet, puis en 1865, la rencontre fortuite mais décisive avec Manet dans un restaurant madrilène. Commence alors pour le jeune homme une vie qui associe le triomphe de son négoce à l’international et la découverte de l’art comme initiateur du japonisme puis comme critique d’art et mécène des impressionnistes.

« Adressez vos lettres à Cognac, Cognac tout court.

Là, je suis connu et presque un grand homme. »

Voilà ce qu’écrit Théodore Duret à son ami peintre Camille Pissarro. Mais depuis cette lettre, Cognac, la cité des célèbres eaux-de-vie, l’a complètement oublié ; alors que Théodore Duret est un des rares – le seul – Charentais à avoir son portrait dans les plus grands musées du monde (MET de New York, National Gallery de Washington, Petit Palais…) car il fut représenté par les peintres des plus célèbres de son temps, entre autres Whistler, Manet, Vuillard…  Il fut aussi un grand homme d’affaires qui fit rayonner le nom de cognac sur tous les continents : capable d’être à la fois partout et de partout, à Londres, à Paris ou à Tokyo, avec Whistler ici, avec Cernuschi là ou avec Hokusai là-bas. Aujourd’hui, on dirait de lui qu’il a été un des principaux passeurs culturels de son temps.

Riche en Charentes – la troisième fortune de Cognac ! –, mais battu en politique pour des idées considérées comme trop avancées… Après quelques épisodes politiques voués à l’échec, tout comme la fortune du cognac mise à mal lorsque le phylloxéra ronge le vignoble, sa vraie vie devient celle d’un critique d’art éminent, d’un journaliste et d’un écrivain renommé. Théodore Duret est un homme d’une rare richesse culturelle à son époque, et vu de la nôtre, un homme moderne : il s’engage aux côtés de Zola pour défendre le capitaine Dreyfus ou à ceux d’Oscar Wilde et de Marcel Proust lorsqu’ils se trouvent en difficulté ; collectionneur, critique d’art et mécène à ses heures, il est un soutien fidèle pour les jeunes impressionnistes. Il reste le découvreur et le protecteur de la nouvelle avant-garde de la peinture, dans le Paris d’alors, brillante capitale des Arts.  Duret met son intelligence, ses relations, son entregent et sa fortune au service des artistes de sa génération tels Sisley ou Monet, Renoir ou Pissarro, sans oublier Whistler et Manet ses aînés. En témoigne la riche correspondance entre lui et les impressionnistes, et les portraits faits de lui par ses amis, Manet, Whistler, Vuillard… Il est également à l’origine du japonisme, un engouement pour le Japon à la fin du XIXe siècle qui inspire fortement les impressionnistes ; c’est ainsi qu’il constitue avec son ami Cernuschi la collection de l’actuel musée Cernuschi (Paris), reconnu aujourd’hui comme abritant une des plus belles collections au monde d’objets d’art de l’Extrême-Orient.