Plaque posée à La Vrine par les Amis de Gustave Courbet (aujourd’hui Le relais des terroirs) (c) Philippe Pillot

Il y a 150 ans, le mercredi 23 juillet 1873, Gustave Courbet quittait son pays pour la Suisse où il devait finir sa vie le 31 décembre 1877. « La correspondance de Courbet » par Petra Ten-Doesschate Chu, donne de nombreuses indications.

Après les évènements de la Commune et son emprisonnement à sainte Pélagie, il prévient en mai 1872 ses parents qu’il va revenir à Ornans : « Ne vous dérangez pas. J’irai à Maisières. »

Début 1873, on discute du rétablissement de la colonne Vendôme et Courbet craint pour ses biens « Si le vote de la Chambre réussit à me condamner, ils vont me saisir le bien de ma mère, de mon père plus tard, et, ce qui est pire que tout cela, mes tableaux ; que faire ? »
Il envisage de faire déposer ses objets à la Chaux de Fonds, mais hésite à s’y rendre lui-même : « j’ai renoncé à aller en Suisse, puisque je ne suis pas sorti sous la Commune, je ne vois pas pourquoi je m’en irais maintenant. »
Mais en juillet il écrit à ses sœurs Juliette et Zélie « Je vais partir pour la Suisse par Pontarlier. »

En effet, son affaire a été appelée et renvoyée au 23 juillet.
Le 20 juillet, il écrit à Lydie Joliclerc « Le moment du départ est arrivé. Les tribulations s’avancent et vont finir par l’exil. Si le Tribunal, comme tout le fait croire, me condamne à 250 000 F, c’est une manière d’en finir avec moi. Il s’agit maintenant de sortir adroitement de France, car, d’après la condamnation, c’est 5 ans de prison ou 30 ans d’exil si je ne paie pas. Dans ce cas, nous allons, M. Ordinaire et moi, partir pour la Vrine et nous y serons mercredi à 5 heures de l’après-midi. Nous comptons sur vous pour venir nous chercher, soit Joliclerc, soit le Docteur, soit M. Pillod, avec une voiture fermée et nous transporter d’un seul trait aux Verrières, où nous dînerons. Dans tout ceci, il faut un secret absolu. »

Il partira de Maisières le 22 juillet.

Installation à Fleurier

Le 23 juillet, il écrit de Fleurier au docteur Blondeau « Nous sommes arrivés à bon port, nous sommes enchantés. » ainsi qu’à son père et ses sœurs « Je suis arrivé, ainsi que les amis, à bon port. Lydie et Mme Marlet sont venues malgré toute défense. »

Le 1er août, il écrit au docteur et constate « Enfin, ils sont arrivés à leurs fins. Je suis définitivement expulsé de France. Nous avons su cela en sous-main de la préfecture. La tentative du 3e conseil de guerre de Versailles était ainsi un guet-apens. »

Son avenir était désormais en Suisse.

Avec l’aimable autorisation de Philippe Pillot, auteur de ce texte.