Le 31 décembre 2017 à 11 heures se sont réunis comme à l’accoutumée les admirateurs du Maître-Peintre d’Ornans pour célébrer l’anniversaire de sa mort.

A cette occasion, l’historien Gaston Bordet, a prononcé au nom de l’Institut Gustave Courbet une allocation émouvante dont vous trouverez une partie enregistrée sur l’excellent blog des rivières et de la Loue d’Isabelle Brunnarius.

http://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/vallee-de-la-loue/

Pour compléter cet article, nous souhaitions partager avec vous le texte paru dans le « Journal de Genève » au moment de la mort de Gustave Courbet » (4 janvier 1878)  :

L ENTERREMENT DU PEINTRE G. COURBET
On nous écrit de la Tour, 3 janvier ; Ce matin à onze heures et demie a eu lieu ici l’enterrement de Gustave Courbet. Un certain nombre de compatriotes et de coreligionnaires politiques du peintre d’Ornans étaient venus de Vevey, de Lausanne et de La Chaux-de-Fonds assister à cette cérémonie et à eux s’étaient joints un groupe d’amis arrivés de France le matin même, Courbet habitait, à la Tour, la petite villa de Bon-Port, située au bord du lac, dans une situation ravissante. C’est de là que le cortège, grossi par un grand nombre de curieux et qui comptait ainsi quatre cents personnes environ, se dirigea vers le cimetière, situé à proximité du temple et à quelques minutes de la station du chemin de fer. Sur le cercueil, que|recouvrait une seconde enveloppe en plomb, les restes de Courbet devant être transférés prochainement en France, étaient déposées quelques couronnes de fleurs et de laurier. J’ai remarqué une couronne d’Ornans, ainsi que celles qu’avaient apportées la Société française de Vevey et les amis de Courbet venus de La Chaux-de-Fonds. Au fond du cimetière, le cortège s’arrêta et les assistants se groupèrent autour du cercueil déposé sur un brancard.
Après un instant de silence, M. Rochefort s’avança. « Ceux qui connaissaient l’ami Courbet, » dit-il, ce cœur sincère, cette âme convaincue, s’étonneront de l’avoir vu mourir sur la terre de proscription, après avoir eu à lutter contre la calomnie dont l’accablait une presse immonde. Ils s’étonneront de ce que cet homme, qui était un amant de la nature, n’ait pas pu échapper à la haine » Ici l’orateur, vaincu par une vive émotion, s’arrête, après avoir vainement cherché à rassembler ses idées. Après lui le Dr Blondon, de Besançon, prononce au nom des amis et de la famille de Courbet quelques paroles de remerciements à l’adresse de la Suisse « qui donna l’hospitalité à l’exilé, au grand artiste, au grand citoyen, au martyr. » M. Arthur Arnould dit ensuite adieu à Courbet « au nom de la Commune. » « Celui qui dort maintenant du sommeil éternel, dit-il, nous a donné un bel exemple lorsqu’il est venu, lui, grand artiste, embrasser la cause du peuple, lorsqu’il est entré dans la Commune et lui a apporté son dévouement alors qu’elle ne pouvait plus espérer la victoire. Formons, ajoute-t-il, autour de ce cercueil, des résolutions viriles, afin que ceux qui luttent pour le peuple ne meurent plus désormais sur la terre étrangère. » Quelques bravos étouffés accueillirent ces paroles, puis après quelques mots de M. Monteil, collaborateur du Rappel, me dit-on, qui rendit hommage au talent de Courbet, « le plus grand peintre des temps modernes, » l’assemblée se sépara. Les porteurs, de leur côté, reprenaient le cercueil et le transportaient dans un local préparé pour le recevoir jusqu’à ce que l’autorisation de le conduire en France soit donnée. La cérémonie qui a eu naturellement un caractère exclusivement civil, s’est ainsi terminée sans aucun incident. La colonie étrangère, russe et anglaise surtout, des environs de Vevey avait fourni son contingent de curieux, désireux de « voir et entendre » M. Rochefort, qui, mis avec élégance et frais ganté de jaune, attirait tous les regards. Quant à la population même de la Tour, elle est restée étrangère à la cérémonie. Courbet était né en 1819 à Ornans. C’est en 1872 qu’il avait cherché un refuge en Suisse

Rappelons que le cercueil de Courbet devait rester stocké à la morgue de La Tour-de-Peilz jusque mi-mai 1878, l’artiste fut finalement enterré à La Tour-de-Peilz avant de revenir à Ornans en 1919. Nous reviendrons en détails sur ces évènements dans le bulletin hors-série que nous éditerons en 2019, année du bicentenaire de la naissance de Courbet.