Dans la suite des expositions André Masson en 1991, Balthus en 1992, Bernard Buffet en 1993, Paul Rebeyrolle en 1994, Jean-Jacques Fernier décide de présenter pendant l’été 1997 une grande rétrospective des œuvres de l’artiste contemporain Jean Messagier (1920-1999).

Gaston Diehl, critique d’art indique dans l’essai qui est publié dans le catalogue d’exposition :  » Heureuse habitude que celle pratiquée en ce musée, de rapprocher deux artistes ayant plusieurs décennies de différence d’âge, en l’occurrence Courbet et Messagier. Peu importe l’âge puisque, encore une fois, c’est d’amour qu’il s’agit : un amour partagé de l’un et l’autre pour la terre natale, ou presque. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’on envisage un tel rapprochement, puisque déjà en 1977 à Saint-Gengoux eut lieu une exposition Messagier intitulée : « Courbet aujourd’hui ? »

« Tu seras le Courbet de la peinture moderne » écrivait Bram Van Velde en 1962 au sujet de la peinture de Jean Messagier.

Eliminant toutes les conventions artistiques, Jean Messagier, ce petit fils de photographe, délaisse le clair-obscur au profit de la lumière seule. Multipliant les recherches sur l’apesanteur, il regarde la nature non comme un objet, mais comme l’essence des choses. Il restitue l’émotion d’un artiste qui est plongé au cœur du monde par une écriture très personnelle, travaillée en entrelacs largement brossés.

Ce sont 80 œuvres qui furent présentées à cette occasion, de grands formats pour la plupart. L’idée exceptionnelle de Jean-Jacques Fernier est d’avoir travaillé en collaboration avec la Saline royale d’Arc-et-Senans. Deux lieux emblématiques de Franche-Comté au service d’une même exposition, cela n’avait encore jamais été fait !

Jean Messagier écrira d’ailleurs dans la préface du catalogue d’exposition :  » Entre Gustave Courbet et Nicolas Ledoux, Oui, j’ai toujours été étouffé par les ombres de Gustave Courbet et celles de Nicolas Ledoux qui planent au-dessus de la vallée du Doubs par la polyphonie des couleurs de l’un et par tous les impedimenta de l’époque de l’autre, l’un obsédé par les falaises d’Ornans qui soutiennent « L’Enterrement », le plus beau tableau du monde, l’autre par son obsession du gel. »

A la suite de cette exposition, Jean Messagier devait d’ailleurs offrir à l’association une œuvre en hommage à Courbet : « Aimez-vous au mois de juin l’Enterrement à Ornans? »