Pendant l’été 2001, ce sont les peintres orientalistes qui sont à l’honneur au Musée Courbet. Pari osé de Jean-Jacques Fernier de confronter l’œuvre de Gustave Courbet aux peintres voyageurs ou artistes qui cherchaient dans l’Orient une inspiration qu’ils ne trouvaient pas en leur pays !

Il y a des tas d’imbéciles qui croient que cela se fait comme ça un paysage ! Ils vous prennent une boîte et ils s’en vont se poser, tantôt dans un pays, tantôt dans un autre. Ils rapportent leur tableaux et ils vous disent : ça c’est Venise, ça c’est les Alpes. Hé bien tout ça c’est de la blague !

Pour peindre un pays, il faut le connaître. Moi, je connais mon pays, je le peins. Ces sous-bois, c’est chez nous; cette rivière c’est la Loue, celle-ci, c’est le Lison; ces rochers, ce sont ceux d’Ornans et du Puits noir. Allez-y voir et vous reconnaîtrez tous mes tableaux.

Gustave Courbet

Une centaine de tableaux orientalistes se confrontait alors le temps de l’exposition avec 70 œuvres réalistes de Courbet. Les œuvres orientalistes éclairaient le visiteur sur les différents aspects de l’exotisme au XIXe siècle. Fardé de rouge, d’or et de brillances, un orientalisme romanesque s’anime d’almées, de sultans. A la suite de Delacroix, d’autres peintres prennent goût aux notations saisies sur le vif, diffusent un orientalisme plus authentique. Venaient les « peintres africains » puis les artistes « néo-coloristes », dont les tableaux aux constats objectifs se substituent encore à la photographie balbutiante. Sur la scène de l’Orient imaginaire, on retrouve les souvenirs émouvants de Mademoiselle Rachel (1821-1858). Une place particulière est enfin faite à Adolphe Goupil (1806-1893), éditeur d’estampe, « marchands de rêve », il propage de belles images orientalistes, notamment les tableaux du peintre Jean-Léon Gérôme.

Comme chaque été, Jean-Jacques Fernier avait su créer un rendez-vous de peintures à Ornans.

Il indique dans la préface du catalogue de l’exposition « Les peintres rassemblés chez Courbet ont été choisis, non sur leur seule notoriété – quelques-uns ont été injustement oubliés depuis un siècle – mais parce qu’ils sont presque contemporains. Il y a certes un peu de provocation à accueillir certains de ceux qui ont cultivé, de leur temps et avec succès, un orientalisme de pacotille, mais chaque visiteur pourra tester ainsi ses attirances et ses rejets, et la confrontation Réalisme / Orientalisme ne va pas toujours, semble-t-il, au bénéfice du premier. Ainsi en est-il des goûts et des couleurs… »

Le nombre d’œuvres prêtées est très important, une centaine ! On se souviendra du prêt de trois œuvres du Musée des Beaux-arts d’Alger (Théodore Chassériau, Marché à Constantine / Eugène Delacroix, Giaour traversant un gué / Alfred Dehodencq, Noce Juive) et l’arrivée in extrémis de Madame Dalila Orfali, Directrice du Musée des Beaux-arts d’Alger, venue convoyer ses œuvres à Ornans. Son témoignage émouvant -lors d’une rencontre organisée dans les jardins du musée – sur les difficultés qu’elle rencontrait pour la protection du patrimoine dont elle avait la charge et la peur qu’elle éprouvait parfois dans le cadre de ses missions avait ému son auditoire. A noter également le prêt de deux très belles œuvres de Delacroix provenant d’une collection privée japonaise et de deux œuvres exceptionnelles de Jean-Léon Gérôme provenant de collections privées anglaises.

Eugène Delacroix
Jean-Léon Gérôme